Fernández-Dueñas, Rodríguez-Fornells and Grau-Sánchez. The therapeutic use of music for chronic pain: A psychological and neurobiological perspective, Frontiers in Pain Research, décembre 2025
La douleur chronique touche entre 10 et 50 % des adultes et représente un enjeu majeur de santé publique, car elle affecte non seulement le corps, mais aussi le bien-être psychologique, émotionnel et social. Les traitements médicamenteux restent importants, mais leurs limites, notamment la dépendance et les effets secondaires, encouragent la recherche d’approches complémentaires. Parmi celles-ci, la musique apparaît comme une intervention simple, sûre et bien acceptée par les patients. Elle peut prendre la forme d’une écoute passive ou d’une musicothérapie active, cette dernière offrant souvent des bénéfices plus marqués.
Les études montrent que la musique permet de réduire de manière modérée l’intensité de la douleur, tout en diminuant l’anxiété et la dépression et en améliorant la qualité de vie. Ces effets s’observent dans diverses pathologies comme la fibromyalgie, l’arthrose, les douleurs neuropathiques ou encore la douleur liée au cancer. Les bénéfices proviennent de plusieurs mécanismes complémentaires : sur le plan psychologique, la musique distrait de la douleur, génère des émotions positives et favorise la relaxation ; sur le plan physiologique, elle réduit le stress, le rythme cardiaque et la tension musculaire.
Sur le plan neurobiologique, la musique active des systèmes clés du cerveau, notamment le système dopaminergique impliqué dans le plaisir et la motivation. Cette activation est particulièrement intéressante, car les patients souffrant de douleur chronique présentent souvent un déficit dopaminergique et une altération des circuits de la récompense. En stimulant ces circuits, la musique pourrait contribuer à restaurer la motivation, réguler les émotions et atténuer la dimension affective de la douleur. D’autres systèmes, comme les opioïdes endogènes, participent également à l’analgésie induite par la musique.
Cependant, la recherche comporte des limites, notamment l’hétérogénéité des études, la diversité des protocoles et la variabilité des préférences individuelles. Malgré cela, la musique apparaît comme un outil complémentaire prometteur dans une approche multimodale centrée sur le patient, capable d’agir simultanément sur les dimensions émotionnelles, cognitives et neurobiologiques de la douleur chronique.

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